Publié le 22/11/2016

Annulation de la déclaration d’utilité publique : train fantôme et terres gelées

Malgré l’annulation de la DUP, les réserves foncières  liées au tracé de la LGV Limoges-Poitiers figurent toujours sur les documents d’urbanisme, laissant dans l’incertitude  des dizaines de propriétaires et plusieurs communes.

La situation pourrait durer des années :

 

dans le sillage de la ligne à grande vitesse Limoges-Poitiers, qui ne verra sans doute jamais le jour, 2.000 hectares de terres (construites ou non) sont gelées. Car l’annulation de la déclaration d’utilité publique (DUP), n’a pour l’heure aucun impact sur la réserve foncière liée au projet. Comme si de rien n’était, les emplacements figurent toujours sur les plans d’urbanisme, interdisant aux propriétaires de vendre, ou aux communes (comme celle du Palais-sur-Vienne, qui est en train de réviser son PLU)  d’intégrer ces espaces à leurs projets d’aménagements.

  

Cet étonnant paradoxe, aux conséquences humaines et économiques dommageables, est dénoncé par la Cri (Coordination des riverains et impactés), qui vient de publier un petit ouvrage en forme de longue lettre ouverte (1). « Il s’agit de dénoncer l’opacité qui règne sur les conséquences de l’annulation de la DUP, explique Marcel Bayle (2), l’auteur du document. Les communes n’arrivent pas à se débarrasser de ces blocages, c’est un peu comme le scotch du capitaine Haddock. »

L’impact de la LGV... sur les zigzags de la RN.147 

C’est aussi ce qui inquiète la Cri : le tracé du futur réaménagement de la R.147 avait été pensé... en fonction de la trajectoire de la LGV, entraînant des zigzags qui ne se justifient vraisemblablement plus.

« Le “fantôme” (ndlr. la LGV) ne doit plus justifier les courbes et méandres de la RN.147 redessinée qui ramène cet aménagement à la porte de riverains psychologiquement malmenés depuis plus de dix ans », déplore la Cri, qui promet de distribuer ce mardi son document aux participants à la réunion de concertation sur le projet Anglard/La Pivauderie (7km).

Le maintien de cette réserve foncière pourrait avoir une double explication. D’une part, aucun élément juridique n’oblige les autorités préfectorales à libérer ces terrains. D’autre part, dans la perspective d’une nouvelle enquête publique, l’administration (tout comme les partisans du projet de LGV) a tout intérêt à laisser les choses en l’état, même s’il faudrait sans doute une bonne dizaine d’années avant d’aboutir à une deuxième et hypothétique DUP.

Intitulé “Les riverains du chemins de fer fantôme”, le document de la Cri a été adressé en courrier recommandé à Alain Vidalies, aux préfets de Nouvelle-Aquitaine, de Haute-Vienne et de la Vienne. Il contient également un projet de loi à même d’évacuer le vide juridique entourant cet épineux dossier. 

(1) Edité aux frais de la Cri et tiré à 1.000 exemplaires, disponible à Page et Plume (Limoges) et à la maison de la presse de Bellac; commandes possible (Cri, Etang du Picq, 87.510 Peyrilhac, 4€ + 2,80€). (2) Conseiller municipal de Peyrilhac, professeur de droit à l’université de Limoges.

Florence Clavaud-Parant