Depuis le débat public de 2006 la LGV Limoges-Poitiers cristallise deux conceptions inconciliables du développement du Limousin : les pro-LGV privilégient le développement de Limoges, grande métropole qui doit grandir pour peser au niveau européen et où se trouveraient rassemblés emplois, universités, services de santé, services publics et administratifs ; ensuite, relier cette super ville aux autres métropoles par un tuyau rapide et sans arrêt leur apparaît comme indispensable. Les autres privilégient un développement multipolaire du territoire, avec des pôles de santé éclatés, des lycées et antennes universitaires répartis sur le territoire, des trains qui s’arrêtent dans les gares ; la force d'un territoire dans le cadre européen doit se réaliser à partir de ses atouts locaux ; pour cela, la ligne naturelle et historique POLT( Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) alimentée par les TER, correspond bien aux besoins, elle relie les zones d'emplois et les lieux de vie qui se sont implantés dans le paysage Limousin au cours du dernier siècle.

Dès ses premières études, RFF

(réseau ferré de France) s'est fixé comme objectif que la LGV Limoges-Poitiers devait participer à la création de cette grande métropole sacrifiant de fait le reste des territoires. Lors des ateliers de RFF, depuis 2009, avec l'ensemble des associations environnementales nous avons dénoncé les résultats pervers du projet : des territoires abandonnés, la Creuse, l'Indre, le Lot, le Nord de le Haute-Vienne. La ligne POLT qui verrait les ¾ de ses trains supprimés ; un coût important qui sera à payer demain par les Limousins pour la construction et son fonctionnement futur ; l'idée que les deux lignes pourraient cohabiter (si les voyageurs sont sur la LGV, ils ne seront plus sur le POLT)...

 

Dernièrement un certain nombre d'études ou de rapports ont confirmé notre analyse, en juillet 2013, le parlement a déclassé ce projet LGV, le déclarant non-prioritaire, en octobre 2014, la cour des comptes l'a dénoncé comme un projet financièrement irréaliste, en décembre 2014, le Conseil d'Etat sollicité par le gouvernement a fait connaître son opposition sur le fond à la réalisation de la LGV LP.

L'alternative POLT apparaît comme la solution naturelle de bon sens.

Continuer, malgré tous ces éléments, à défendre le projet LGV LP comme le propose actuellement G Vandenbroucke, le président du Conseil régional, ne fait pas jouer à l'institution régionale, au moment où le Limousin va se fondre dans une grande région, un rôle de rassemblement, au contraire cela contribue à diviser, à rejeter des territoires loin des centres de décision .

C'est d'ailleurs comme cela qu'il faut peut être interpréter les dernières déclarations de Bernard Combe vice-Président du Conseil Général de Corrèze et Maire de Tulle qui vient de trancher en déclarant lors de la dernière session du Conseil Général de Corrèze que la LGV entre Limoges et Poitiers devrait être abandonnée, la ligne POLT étant la desserte essentielle pour nos territoires.

B Combe analyse ainsi que la LGV LP n'ayant pas fait preuve de sa pertinence, même si 100 millions d'€ ont déjà été dépensés pour les études, pour lui, il ne faut pas laisser pourrir la situation... Les derniers sondages réalisés par FR3 Limousin le montrent, un courant puissant existe regroupant et cela est nouveau, tous les élus d'Orléans à Toulouse à l'exception de la Haute-Vienne, pour demander que les moyens soient mis, sans attendre, sur le POLT (déclaration de JM Bodin vice président de la Région Centre dans l' Echo du 22-12) afin de répondre aux besoins de mobilité des Limousins, dans le cadre d'un développement équilibré et durable de tous les territoires. Ceux qui s'accrochent encore au projet LGV LP doivent mesurer un isolement qui peut leur coûter très cher lors des prochaines échéances locales de 2015.