LEMONDE 17.02.12 

La SNCF dispose d'environ 500 rames TGV dont l'âge moyen est de dix-sept ans.

La SNCF dispose d'environ 500 rames TGV dont l'âge moyen est de dix-sept ans.AFP/BRUNO FERRANDEZ

A tout juste 30 ans, le TGV joue un vilain tour à la Société nationale des chemins de fer (SNCF) et la contraint à réinventer son modèle de grande vitesse. La dépréciation, à hauteur de 700 millions d'euros du parc de 450 rames de TGV dans ses comptes, plombe le bilan du groupe. Attendu initialement à près d'un milliard d'euros, le bénéfice de l'entreprise publique s'est établi l'an dernier à 125 millions d'euros, en chute de 82 % par rapport à 2010, a annoncé le groupe, jeudi 16 février.

En cause, les péages que doit acquitter à Réseau ferré de France (RFF) la SNCF pour faire circuler ses trains sur les lignes à grande vitesse. Depuis plusieurs années, ces péages grimpent pour financer la rénovation du réseau ferroviaire. Après une hausse de 11,7 % en 2011, ils augmentent de 1,5 % cette année et de 7,4 % en 2013.

"Si l'objectif de rénover le réseau est louable, le modèle économique du TGV en a souffert", relève David Azéma, le directeur général délégué de la SNCF. Avec des péages en hausse, la rentabilité du TGV baisse. Les normes comptables IFRS obligent donc la SNCF à réajuster la valeur de ses actifs dans ses comptes. Au lieu de 4,5 milliards d'euros, les rames TGV de la SNCF ne valent plus que 3,8 milliards d'euros.

Depuis que RFF a annoncé la stabilisation des péages entre 2014 et 2018 début février (Le Monde du 10 février), la SNCF a une meilleure visibilité. Elle veut en profiter pour redéfinir le modèle économique de la grande vitesse. Et faire rouler davantage de trains sur le réseau, tout en améliorant les interconnexions avec les trains de proximité pour mieux les remplir. Pour augmenter le nombre de passagers, la SNCF veut reprendre l'achat de rames plus capacitaires, les Euroduplex à deux étages d'Alstom.

CESSIONS D'ACTIFS

"Grâce à notre visibilité à cinq ans, le conseil d'administration a décidé d'engager une discussion sur l'éventuelle levée d'option pour l'achat de quarante nouvelles rames Euroduplex, après l'achat initial de cinquante-cinq rames qu'Alstom nous livre actuellement", indique Guillaume Pepy, le président de la SNCF. Ces nouvelles rames remplaceront les trains à un niveau de la ligne TGV Atlantique.

Malgré les déboires du TGV, la SNCF a présenté des résultats corrects. En 2011, son chiffre d'affaires a cru de 7,6 % à 32,6milliards d'euros. Et grâce à un flux de trésorerie positive de 261 millions d'euros, le groupe a réussi pour la première fois depuis quatre ans à faire reculer sa dette, de 8,5 à 8,33 milliards d'euros.

Mais, si la SNCF a dégagé l'an dernier 9,3 % de marge opérationnelle, cela ne suffit pas à financer l'ensemble des investissements de l'entreprise publique. "Il manque un pointde marge pour les couvrir", précise M. Azéma. Conséquence, afin de les financer et d'afficher un bénéfice, la SNCF a dû céder pour 478 millions d'euros d'actifs, essentiellement dans l'immobilier.

Philippe Jacqué