Article paru le 12 janvier2012 dans le

La Fédération nationale des usagers de transports (Fnaut) a décidé de devancer le gouvernement et vient de proposer une hiérarchisation des projets futurs de LGV en fonction de leur pertinence.

Le 1er projet à éliminer ou à reporter POUR la FNAUT

- Poitiers-Limoges 
Commentaire : « Sa réalisation assècherait la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et le raccordement au projet Paris-Orléans-Clermont-Lyon (POCL) est suffisant. »

A l’issue des Assises du ferroviaire qui se sont conclues le 15 décembre dernier, la nécessaire hiérarchisation des grands projets ferroviaires figurant au Schéma national des infrastructures de transports (Snit) semblait faire consensus. C’est pourquoi la Fédération nationale des usagers de transports (Fnaut) prend les devants.


« Nous avons toujours soutenu la construction des lignes à grande vitesse et nous approuvons les décisions récentes issues du Grenelle de l’Environnement comme le lancement des LGV Bretagne et Tours-Bordeaux, le contournement de Nîmes-Montpellier ou la deuxième phase de la LGV Est, explique Jean Sivardière, le président du le Fnaut. Mais faut-il poursuivre l’extension du réseau des LGV au-delà de ces  quatre « coups partis » ? »
Pour la fédération, la sélection doit être effectuée dans une vision d’ensemble tenant compte à la fois de la cohérence nécessaire du réseau des LGV, de l’équilibre Est-Ouest du territoire national, de la complémentarité LGV-lignes classiques et de la position de carrefour européen de la France. « La somme des intérêts régionaux ne fait pas l’intérêt national. Certains projets sont indispensables, voire urgents, bien justifiés économiquement et s’intégrant bien dans l’ensemble du réseau ferré, estime Jean Sivardière, président de la Fédération. Mais d’autres sont peu utiles ou purement électoraux et leur défense est contre-productive. »


Les projets à éliminer ou à reporter

- Poitiers-Limoges 
Commentaire : « Sa réalisation assècherait la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et le raccordement au projet Paris-Orléans-Clermont-Lyon (POCL) est suffisant. »

- Paris-Normandie
Commentaire : « Caen est à 1h50 de Paris, Le Havre à 2h05, Cherbourg à 3h. Un aller-retour Paris-province peut être aisément effectué dans la journée. La priorité est d’assurer la robustesse des services en séparant les trafics normand et francilien grâce à une ligne nouvelle entre Paris et Mantes. »

- Paris-Amiens-Calais
 Commentaire « C’est prématuré. La LGV Nord n’est pas saturée. »

- Toulouse-Narbonne
 Commentaire : « Prématuré. »

- Les branches Sud et Ouest du Rhin-Rhône
Commentaire : « Elles ont perdu de leur pertinence avec l’émergence du projet Paris-Orléans-Clermont-Lyon qui constitue un doublement plus efficace de la LGV Paris-Lyon. »

- Bordeaux-Espagne (pour rapprocher Pau et Tarbes de Paris et pour le fret)
Commentaire : «  C’est peut-être prématuré et doit être mis en balance avec la modernisation de l’itinéraire classique. »


Les projets jugés intéressants


- La deuxième phase de la branche Est de la LGV Rhin-Rhône
Intérêt : « Accélérer les TGV Strasbourg-Lyon et désaturer la ligne Mulhouse-Belfort »

- Bordeaux-Toulouse
Intérêt : « Rapprocher Toulouse de Paris et concurrencer l’avion

- Lyon-Turin
Intérêt : « Pour le fret, mais le volet TGV n’est pas marginal »

- Montpellier-Perpignan
Intérêt : « désaturer la ligne classique et accélérer les TGV Paris-Barcelone Toulouse-Lyon »

- Marseille-Nice
Intérêt : « Rapprocher Nice de Paris, concurrencer l’avion et concurrencer la voiture par des relations TERGV entre Marseille, Toulon, Cannes et Nice »

Le projet jugé prioritaire : le Paris-Orléans-Clermont-Lyon


« Le projet de LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon est économiquement et écologiquement pertinent, assure Jean Sivardière. Il permet de doubler la LGV Paris-Lyon et de desservir le centre de la France. » Selon la Fnaut, la LGV Paris-Lyon commence à se saturer aux heures de pointe, et la gare de Lyon, à Paris, l’est déjà. Cette tendance devrait s’accentuer avec la croissance naturelle du trafic et les mises en service des LGV Perpignan-Barcelone et Nîmes-Montpellier. « Un doublement sur place est à la fois très coûteux et difficile techniquement, explique le président de la fédération. Nous sommes favorables au tracé médian variante Roanne (voir illustration), qui permet à la fois de maximiser les gains de clientèle à longue distance, donc les recettes, et d’améliorer de manière décisive la desserte des territoires du centre de la France. »

La fédération d’usagers estime que le tracé Est est trop excentré par rapport aux territoires à desservir, que le tracé Ouest-sud, le plus coûteux, pénalise les relations Paris-Sud Est, il n’aurait d’intérêt que dans la perspective jugée irréaliste d’une LGV transversale Lyon-Limoges (projet ALTRO). Enfin, le tracé Ouest est légèrement plus favorable à la desserte du centre mais, contrairement au tracé médian (de même coût et évitant la Sologne), il ne permet pas d’améliorer les temps de parcours entre Paris et le Sud Est par rapport à la LGV existante.

Au contraire, le passage par Roanne favoriserait les relations Paris - Saint-Etienne et Clermont-Ferrand - Lyon, maximiserait le trafic attendu et permettrait un doublement intégral de la LGV Paris-Lyon.
La Fnaut propose même des compléments du POCL :

           - l’intégration de la desserte Paris-Limoges-Brive dans le projet POCL, à partir de Bourges ;

           - l’électrification et le remodelage de la ligne Chagny-Nevers et sa connexion à la LGV Paris-Lyon en gare du Creusot-TGV (projet de VFCEA, Voie Ferrée Centre-Europe-Atlantique, une proposition ancienne de la Fnaut reprise et enrichie par la région Bourgogne) permettant d’amorcer rapidement et à un coût modeste une transversale Lyon-Nantes à grande vitesse de Lyon au Creusot et de rabattre les TGV Metz- Lyon et Rhin-Rhône sur la LGV existante Paris-Lyon. Une solution plus efficace consiste à construire ultérieurement une LGV entre Dijon et Saulieu remplaçant les branches ouest et sud du projet Rhin-Rhône ;

           - La construction d’une LGV d’environ 50 km reliant Orléans à Courtalain, plaçant Orléans à la fois sur l’axe Paris-Bordeaux et sur une transversale intégralement à grande vitesse Rennes/Nantes-Lyon (Rennes-Lyon en 2h30, Nantes-Lyon en 3h environ), et offrant de plus un nouvel itinéraire Courtalain-Paris passant par Orléans (la LGV Atlantique sera saturée au nord de Courtalain dès la mise en service des prolongements Tours-Bordeaux et Le Mans-Rennes/Sablé).