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Roland Ries, Le Monsieur transport du PS, dévoile le programme transports de François Hollande

Roland Ries (à droite), avec son homologue de Kehl Gunther Petry, lors de la présentation d’une nouvelle ligne de tram transfrontalière. Le maire de Strasbourg est aujourd’hui le « Monsieur transports » du candidat socialiste François Hollande. Archives Jean-Marc Loos

Roland Ries (à droite), maire de Strasbourg, est aujourd’hui le « Monsieur transports » du candidat socialiste François Hollande.

a présenté le 15 février, à Paris, les dix propositions du candidat socialiste dans le domaine des transports. Parmi elles, la priorité à la rénovation du réseau ferré sur les nouvelles lignes TGV.

Si François Hollande était élu président de la République, Roland Ries serait en pole position pour être son ministre des transports. Le sénateur-maire de Strasbourg et président du Gart (Groupement des autorités régulatrices de transport) a en effet présenté hier, lors d’un point presse au Sénat, la feuille de route du candidat.

Ses dix propositions prennent acte des impasses budgétaires dans ce secteur : « La dette de RFF [Réseau Ferré de France], actuellement de 34 milliards d’euros, atteindra 61 milliards en 2025 lorsque les quatre projets actuels de TGV (dont les branches des TGV Est et Rhin-Rhône) seront achevés, souligne Roland Ries. Et le Snit [Schéma national d’infrastructures de transports] qui prévoit 260 milliards d’investissements en 30 ans, n’est absolument pas financé. »

François Hollande propose donc un « audit des nouveaux projets de lignes à grande vitesse, prenant en compte leur faisabilité et leur utilité socio-économique ». Le candidat PS préfère concentrer les moyens sur la rénovation de 1 000 km de voies par an, afin de limiter les pannes et retards qui affectent le réseau.


Quand l'on connait la non rentabilité financière de la LGV Limoges Poitiers et l'alternative POLT et POCL, on trouve dans ces propositions des raisons pour espérer que la raison l'emporte (NDLR)

L’Alsacien est d’ailleurs un chaud partisan de la décentralisation : il prône la création d’Autorités organisatrices de la mobilité durable (AOMD), capables de gérer sur un territoire tous les moyens de déplacement – TER, bus, covoiturage, Velib’… –, mais aussi le stationnement et la voirie. Les Régions pourraient jouer un rôle important à condition de disposer de « ressources dédiées ». Roland Ries suggère un « versement transport interstitiel », que paieraient toutes les entreprises, et non plus uniquement celles implantées en ville. Cela permettrait de financer les moyens de déplacement fournis par la collectivité et utilisables par leurs salariés. Le Parti socialiste compte financer pour près de 500 millions d’euros les nouvelles lignes de transports en commun en site propre (couloirs de bus, métro, tramways…), dont 45 projets dorment actuellement dans les tiroirs.

Si on veut pouvoir les payer, pas question de développer la gratuité, poursuit Roland Ries, qui recommande en revanche la mise en place de tarifications sociales, fondées sur les revenus des usagers, telles qu’elles existent à Strasbourg ou Grenoble. Et ce, grâce à des incitations fiscales ou à une nouvelle loi.

Le développement d’une fiscalité écologique, prenant en compte les « externalités négatives » du trafic routier (pollution, accidents…), serait une autre source de revenus pour financer ces projets, ainsi que la relance du fret, en perte de vitesse. Outre la taxe poids lourds qui entrera en vigueur l’an prochain, Roland Ries propose d’imposer les sociétés d’autoroute et de « mettre à contribution les superprofits des pétroliers ».

En cas de victoire de la gauche, serait-il prêt à prendre le volant d’un ministère des Transports ? « J’y réfléchirai à deux fois, répond Roland Ries. Je ne suis candidat à rien et ce qui m’importe, c’est Strasbourg. Or nous sommes à deux ans des élections municipales, et certaines expériences restent présentes dans mon esprit… » Nommée au gouvernement Jospin en 1997, Catherine Trautmann lui avait laissé son fauteuil, mais la guerre des chefs leur avait ensuite coûté la mairie à tous deux.

Enfin, interrogé sur le Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, Roland Ries assure que François Hollande partage son point de vue. Ce projet autoroutier, « mauvaise réponse à une bonne question », serait donc abandonné en cas de succès des socialistes.